La paroisse regroupe une quinzaine de villages, soit environ 25 000 habitants. Presque tous sont cultivateurs et malheureusement illettrés. Ils dépendent de la pluie pour la culture. L’année où il n’y a pas de pluie c’est la catastrophe et la misère. Les outils de travail sont : la houe et le coupe-coupe. Les femmes travaillent aux champs souvent bien éloi-gnés des habitations. Après une longue marche épuisante, elles travaillent dur toute la journée sous le soleil pour une bien maigre récolte car la terre n’est pas très fertile. Le fruit de leur récolte les aidera à nourrir toute la famille, habiller les enfants, les éduquer, prendre soin d’eux, etc.
Sur le plan santé les femmes sont les plus affectées. Pendant leur grossesse elles n’ont pas de suivi médical. Dans certains villages il est très difficile de trouver un taxi, et le prix d’une course est si élevé que les femmes préfèrent rester à la maison. Ce n’est que lorsque leur état de santé s’aggrave qu’elles se dirigent vers le centre de santé ou la maternité. Mais souvent c’est trop tard !
A Ina, la maternité ne possède même pas les médicaments de première urgence. Par conséquent beaucoup de femmes meurent après l’accouchement, souvent à cause d’une hémorragie.
Depuis notre arrivée, aidées par les prêtres de notre paroisse, nous avons pu sauver quelques mamans en les évacuant à l’hôpital qui se trouve à 35 km d’Ina. Malheureusement plusieurs d’entre elles sont mortes en chemin. Elles avaient attendu trop longtemps !
Eau potable, électricité, moyens de transport, centre de santé... tout cela ne fait pas encore partie de ce minimum vital qui pourrait améliorer leur quotidien.
Les enfants sont envoyés au champ ou gardent les bêtes. Leur éducation n’est pas le souci premier des parents. La plupart des villages ont une école mais très peu d’enfants la fréquentent en raison de la négligence des parents et du manque d’argent pour payer le maître et les fournitures scolaires. L’État paie un ou deux maîtres par école et les autres sont à la charge des parents. Alors les enfants vagabondent ça et là dans le village. Trop souvent ils souffrent de malnutrition, d’anémie, du manque d’hygiène et du manque de vêtements. Que d’enfants livrés à eux-mêmes !
Cette situation nous a amenées à prendre en main l’animation féminine de dix villages, en collaboration avec la Caritas diocésaine. Ces villages se situent dans un rayon de 30 km. Dans chaque village nous avons réuni les femmes et les hommes ainsi que leurs délégués et conseillers et nous avons discuté de leurs problèmes, de leurs soucis, de leurs besoins, de leurs espoirs et de leurs attentes. Ils ont souligné les problèmes d’eau potable, de santé et d’éducation... Nous-mêmes avons constaté que beaucoup de bébés mouraient pendant la saison de pluie par manque d’alimentation, de vêtements et même de toit. Presque toutes les maisons sont faites en terre battue et couvertes de tôles et en période de pluie tropicale, avec la violence du vent, le toit des maisons est emporté, les murs tombent et vous pouvez imaginer le reste !
Tant de détresses et de souffrances nous poussent à nous projeter vers l’avenir. Nous avons, dans un premier temps, acheté deux terrains pas trop éloignés l’un de l’autre. Maintenant le désir qui nous tient à c °ur est triple puisque nous envisageons d’y ouvrir :
Un centre de santé
Ce centre aura deux volets :
Une clinique mobile pour aider les populations des villages qui ne peuvent pas se déplacer (manque d’argent ou éloignement). Nous assurerons les soins médicaux de base, les vaccinations, etc. Le médecin-chef de Bembéréke (hôpital d’État) approuve notre projet. Il sait que, seul, il ne peut pas couvrir tous les villages. Il nous attend avec impatience.
Un programme nutritionnel pour les enfants.
Un foyer pour jeunes filles afin de favoriser leur éducation.
Le manque de collège dans les villages est une bonne raison pour envoyer les filles au champ. Quelques-unes ont la chance de pouvoir venir loger à Ina chez un parent ou un ami, mais il n’en reste pas moins un grand problème d’insécurité pour les filles. Les cas de grossesse et d’avortement ne manquent pas. C’est pour cette raison que nous avons pensé vivement à ouvrir un foyer à Ina.
Une maison pour personnes handicapées.
Il se veut être un Mémorial en souvenir du centenaire de la mort de Mère Marie Gertrude. Déjà Soeur Anne Augustine travaille avec la Fondation Liliane (Italie) pour les soins mé-dicaux, la rééducation et l’insertion des handicapés dans la société.
Confions au Seigneur ce triple projet. Il peut paraître un peu fou... mais n’a d’autre am-bition que de répondre au projet de Dieu sur l’homme : que sa création soit belle et lui rende gloire !